TEXTE N 39

Meme en hiver nous dormons dans la meme chambre à meme le sol de terre damée.Nous nous couchons sur une natte en palmier nain trouée de partout et nous nous couvrions que d'une vieille couverutre .Les jambes pliées jusqu'au menton,chacun cherche à tirer la couverture vers lui.Chaque nuit il fait un froid terrible qui vous brule le corps.La natte étant étalée directement sur la terre humide,le froid tel un couteau bien aiguisé vous lézarde la peau et vous glace les os.Parfois vous ne sentez ni vos pieds ni vos mains.Combien de fois,ne pouvant supporter ce calvaire,je me suis réveillé en pleine nuit en pleurant.

          -Maman j'ai froid

          -Couche toi mon fils ,demain tu n'auras plus froid   me consola-t-elle en me tirant contre elle pour me réchauffer de sa chaleur maternelle.Je me rappelle toujours de cette phrase : "Demain tu n'auras plus froid"  "Demain tu n'auras plus faim " "Demain tu iras à l'école" .J'ai attendu tous les jours ce "demain" qui n'est malheureusement jamais arrivé.Est-il encore loin ou bien proche ?.En attendant je continue  à avoir faim et froid .Ce n'est que bien plus tard ,aprés l'indépendance de notre pays que j'ai compris que "demain" est enfin arrivé .

          A cause de l'humidité qui s'infiltre dangereusement et en silence dans mon corps ,et à force de marcher pieds nus, j'ai fini  inévitablement à l'intar de beaucoup d'autres enfants du douar par tomber malade..Je toussais tout le temps sans jamais me faire  soigner par un médecin du village.Jusqu'à présent je ne me contentais que de lotions d'herbes mélangées au miel que me mere me faisait boire ..cependant un jour j'avais plus de fiervre que d'habitude.Je toussais intensément et à suer à flot .Tout le monde autour de moi s'inquiétait de ma santé qui a subitement basculé .J'étais tres faible à tel point que je ne pouvais plus me lever ni parler.Mon pére qui est tres sensible et de surcroit m'aimait beaucoup étant son unique enfant,se mit à pleurer .Il ne pouvait plus supporter de me voir souffrir sans pouvoir rien faire pour me soulager.Mon corps devient de plus en plus bouillonnant et je tousse sans arret .

        Toute ma famille est autour de moi ainsi que mes amis ,le teigneux en tete .Ce dernier,debout  au fond de la piéce ne me quittait pas des yeux ,les larmes aux yeux.Malgré la souffrance que j'endurais je ne pouvais m'empecher de lui faire un petit sourire discret .Il me l'a rendu sans attendre .Je voulais tant etre avec lui pour faire n'importe quoi mais hélas la maladie a pris impitoyablement le dessus sur moi.

         J'ai passé une nuit atroce pendant laquelle j'ai été torturée par la souffrance.Tantot je m'endormais sous l'effet de la fievre,tantot je me réveillais en sursaut ne sachant plus où j'étais .Mon pere ,ma mére et quelques femmes de mes oncles et cousins,sont toujours là à veiller toute la nuit à mon chevet .

          Le lendemain je me suis réveillé  avec une serviette toute tachées de sang.Mon pére et ma mére ne cessaient de pleurer et de se taper la tete avec leurs mains .Vu mon état déplorable,Tous me croyaient proche de la mort .Mon pére  me prit dans ses bras musclés et se dirigea d'un pas rapide vers la route" blanche".De temps en temps il me parla à l'oreille .

          - Ne t'inquiéte pas fils tu vas t'en sortir je te le promets

Je ne lui répondais pas parceque je n'étais pas en mesure de le faire . Mon pére continue à me rassurer,

            -On est presque arrivé fils ,la voiture nous attend ,tu vas guerir et redevenir mieux qu'avant.

A cette époque les médecins spécialistes sont rares surtout pour les indigenes qui n'ont aucun moyen .J'ai été finalement examiné par le Docteur CHICHE médecin francais spécialiste des maladies pulmonaires à Pérrégaux petite ville située à une trentaine de km de notre douar.Ma mére a du vendre tous ses bijoux qu'elle conservait soigneusement justement pour ces sortes d'imprévus .

   Le médecin qui m'a immédiatement passé une radio a été on ne peut plus clair avec mes parents .

    - Votre enfant est sérieusement touché au poumon;il a une tache de la grosseur d'un oeuf; il doit suivre rigoureusement un traitement approprié de longue durée ; s'il le prend régulierement il sera sauvé à cent pour cent.

     Six mois plus j'étais completement rétabli et la maladie n'était qu'un mauvais souvenir. Je me rappelle toujours de la "soeur" qui me faisait quotidiennement une injection et à la fin elle m'offrait toujours des friandises.