TEXTE N 5O

Nous sommes le premier Octobre 1955.Le jour tant attendu est enfin arrivé . Muni de mon sac en tissu dans lequel se trouvaient une ardoise et quelques affaires entre autres des morceaux de craie de différentes couleurs.Ce matin là annoncait une journée exceptionnelle qui sera un point de départ d'un changement radical de ma vie .Je m'étais réveillé de bonne heure pour prendre le chemin du village situé je le rappelle à quelque cinq kilometres du douar où nous habitions. Aucun moyen de transport n'y menait .En conséquence nous étions obligés d'y aller à pied en empruntant un chemin jaloné d'obstacles qui traverse la montagne .J'étais habillé à l'occasion d'un pantalon de tergal neuf , d'un pul bleu en laine qui m'a été offert par mama khadidja l'épouse de mon oncle Dehiba et d'une paire de souliers neufs.Je portais également un tablier bleu pour faire écolier.Et pour couronner le tout ,ma calotte rouge que je n'oublie jamais de porter sur ma tete car chez nous montrer sa tete nue est un acte impudique et non conformes aux traditions qui exigent de couvrir sa tete soit d'un turban soit d'une calotte.J'étais surtout content des chaussures que je portais pour la premiere fois .En marchant sur la piste en terre battue je regardais souvent derriere moi les traces de pas laissées par mes souliers .Je jubilais de cette rentrée scolaire qui revet une importance particuliere pour moi et ma famille .

   A 7H3O nous étions , mon pere et moi devant l'école . Il n'y avait personne Nous étions les premiers arrivants .Les petits enfants agés de six ans et qui devraient rentrer à l'école pour la premiere fois commencaient à  venir accompagnés de leurs parents.Ils étaient tous proprement habillés avec de beaux habits . Ils tenaient à la main et parfois sur le dos de grands cartables en cuir . J'avais honte de mon sac en toile .Ils étaient tous des Francais  Je n'ai remarqué la présence d'aucun arabe sauf moi . Ils étaient surement tous étonnés de me voir dans ma tenue.Ils se demandaient ce que pouvait faire un arabe si agé et grand au milieu d'eux comme si l'école n'est pas faite pour nous .